mercredi 17 mars 2010

Surtout ne soyez pas différents !


Et oui dans notre beau pays où l’on prône l’égalité, il FAUT être tous égaux ce n’est plus un choix c’est une obligation !  Vous allez dire que je radote, mais on en revient encore à mon expression favorite du moment «  le mieux est l’ennemi du bien », parce qu’à force d’être tous égaux on n’a pas le droit d’être différent.
Si vous y réfléchissez ne serait-ce que deux minutes,  vous trouverez plein d’exemples  qui prouvent que depuis le plus jeune âge nous sommes conditionnés pour rentrer dans le moule, ne pas faire de vagues, ne surtout pas dépareiller !
Vous n’en trouvez pas ? Aller, je vous aide un peu…
Quelle Maman ne s’est pas inquiétée de voir sa fille jouer avec des petites voitures au lieu d’aduler les barbies ?
Quel  Papa n’a pas manqué s’étouffer en voyant  son fils de 6 ans enfiler la plus belle robe de sa sœur ?
Bon, d’accord, nous avons fait beaucoup de progrès pour accepter les différences sexuelles et les  déviants (oh pardon un vieux reste) homosexuels sont maintenant  tolérés (ce qui n’est pas la même chose qu’acceptés  ou compris…). Même si bon, il faut l’avouer c’est quand même vachement mieux si ça n’arrive pas dans notre famille !
Je n’aborderai même pas le cas des handicapés physiques ou mentaux qu’on ne sait toujours pas regarder ou accepter et qui en plus de recevoir nos regards plein de curiosité ou  de pitié affrontent chaque jour les écueils d’une société qui n’est pas préparée à les accueillir. Tiens petite anecdote au passage :  il y a environ deux ans, l’ANPE de Nice se demandait pourquoi aucune personne à mobilité réduite n’utilisait les superbes toilettes adaptées qu’on leur avait construites à grands coûts. Non sans ironie, (personnellement j’aurai perdu mon sang froid) l’association des paralysés de France  leur a répondu qu’il était très bien de prévoir des toilettes adaptées mais fort dommage que celles-ci ne soient accessibles qu’en descendant trois marches…ce qui est plutôt compliqué lorsqu’on circule en fauteuil roulant.
Mais je m’éloigne du sujet, je parlais d’égalité…
L’éducation nationale a fait de gros efforts pour l’égalité des chances, pour que chacun ait une éducation minimum, un «  bagage ». Je m’en réjouissais l’autre jour, notre école publique est très forte, gratuite et obligatoire de 6 à 16 ans. Maiiiiisssssssss, en voulant trop bien faire, on nous a pondu après les événements de 68, un «  tronc commun », une éducation identique pour tous.
Si toutefois  un enfant a du mal à suivre, une difficulté d’apprentissage, là ça pose problème ! Des aides spécialisées ont été crées, des recherches effectuées et je suis ravie de vous annoncer que si votre enfant est dyslexique, OUF  ça y est, tous les enseignants savent ce que c’est, et votre enfant ne sera pas stigmatisé comme un individu de mauvaise volonté face à l’école.
Si par contre il a été diagnostiqué avec une dyspraxie ou une TDA ( trouble déficitaire de l’attention) c’est vraiment pas de pot :
1:  c’est pas la mode ( revenez dans 20 ans), 
2 : il n’y a aucune formation des enseignants à ce sujet ! Et puis ma bonne dame, on ne peut pas mettre des enseignants spécialisés partout pour enseigner un «  tronc commun ».
A vous donc, chers parents de vous documenter, de cumuler les rendez-vous chez les spécialistes divers et plus chers les uns que les autres pour aider votre progéniture…
C’est ça aussi l’égalité, c’est faire ce qu’on peut pour la majorité… je n’ose dire la «  masse » ça pourrait être retenu contre moi !
Ça pêche aussi dans l’autre sens !  Vous avez un enfant qui apprend vite et bien, vous le soupçonnez d’être un peu précoce sur les bords ( nan mais quelle drôle d’idée il a eu ce gosse quand même !), n’allez surtout pas le dénoncer aux autorités *!!
D’abord, vous risquez de vous en prendre plein la tête  «  elle le pousse » «  encore une qui croit qu’elle a pondu un génie » etc.
Mais surtout l’éducation n’ayant RIEN (ou presque) de prévu pour ces enfants là, de toute façon, votre meilleure solution est de vous taire !
Acceptez immédiatement que votre enfant risque de s’ennuyer comme un rat mort à l’école. Admettez  que,  malgré le fait que de plus en plus d’enfants soient étiquetés «  précoces », et malgré  le fait que quelques associations et chercheurs se soient penchés sur le sujet, il n’y ait que très peu d’enseignants pour se rendre compte des différences de fonctionnement de ces enfants là.
Et surtout préparez-vous à en entendre des vertes et des pas mûres sur cet enfant dont l’espace de deux minutes vous avez failli être fière ( avant de lire les statistiques d’échec scolaire et de dépression des précoces).
«  Il a beaucoup de vocabulaire, mais il n’a pas du tout le niveau en graphisme »,  «  et puis tous ces problèmes de comportements quand même, c’est très révélateur de son manque de maturité », «  vous savez, il se sent différent maintenant ( que vous l’avez balancé !), il refuse toute autorité alors qu’il est si petit »,« et ça veut dire quoi ces crises de colère ? ». « Non, franchement, ce pauvre enfant à encore beaucoup de choses à apprendre là où il est, on ne peut pas le changer de classe ! ».
Messieurs, mesdames, notre République nous assure l’égalité, à vous donc de rester dans les normes, d’avoir une conduite appropriée et de faire des enfants NORMAUX, MOYENS , gérables quoi !
Je terminerai en citant un de mes auteurs préférés :  " la France a toujours cru que l'égalité consiste à trancher ce qui dépasse" Jean Cocteau .


         J’ai piqué le terme «  dénoncer » à  Jean-Charles Terrassier auteur de «  les enfants surdoués ou la précocité embarrassante »
*2·         N’allez surtout pas vous faire des idées je n’ai eu ce livre entre les mains que parce que je me passionne pour tout ce qui touche à l’éducation, je suis très fière d’annoncer que mes enfants sont très moyens, normaux et gérables ! ( enfin gérables pas toujours, mais c'est en grande partie de ma faute !)

7 commentaires:

  1. L'éducation c'est à la fois la chance et le malheur de notre société. Bien sûr qu'aller à l'école, gratuitement qui plus est, est formidable, mais d'un autre côté, il existe "le profil de l'élève parfait" auquel bien des enfants ont du mal à coller (le mien en l'occurence !). Alors à partir de là, c'est pas forcément facile de lui dire qu'il est comme les autres (égal ?) mais en fait, non pas tout à fait... et que les autres ne sont pas tout à fait comme les autres aussi, que chacun a sa particularité (vous me suivez ?)... et que même si l'école lui donne des nausées, des crampes au ventre ben, si si, chéri, c'est un endroit génial... où tu te sens plus débile que jamais, mon petit chéri, mais génial ! :-)
    J'ai demandé aux instituteurs d'accepter les carences de mon fils, il ne perturbe pas la classe, il est juste...décalé, de faire en sorte qu'il ne soit pas dégouté de l'école, que ce soit un lieu qu'il puisse fréquenter avec plaisir et non pas épouvante... Mais à ces demandes je ne reçois qu'une réponse : performances insuffisantes. Je me dis que c'est peut être la région parisienne qui fait ça, alors je compte beaucoup sur notre prochaine vie en bretagne pour tomber sur des gens qui auront peut être un peu moins le soucis de la performance : parce que si t'es pas performant, t'es pas égal :)

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  2. je ne voudrais pas te faire peur, mais je suis à la campagne, et si on a une super équipe en maternelle, à l'élémentaire au niveau des difficultés d'apprentissage ils ont du mal !!!
    Alors bien sur, les classes sont surchargées, les programmes aussi... n'empêche que la dedans ce sont les gamins qui sont pénalisés !!

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  3. Ah merci pour ce texte, car je suis depuis toujours confrontée à des difficultés avec Fils Cadet qui est hyperactif (à un niveau très supportable, il se maîtrise en cours et reste assis, mais joue en permanence avec ses stylos, sa gomme, et ça agace) et le trouble d'attention qui est généralement associé. Et donc il ne rentre pas bien dans le moule, disons qu'il déborde un peu. Et sauf exception, tout le monde s'en fout. J'exagère, j'ai quand même croisé des profs super qui ont compris, ont juste fait une ou deux petites adaptations (y'en a une qui a dans sa trousse une balle anti-stress qu'elle lui donne en début de cours ! n'empêche que ça marche), et ensuite ça roule impeccable et le gamin est bien plus calme.
    Quant à ma frangine, elle a un gamin "précoce" et depuis que son instituteur le sait (mon neveu a 8 ans), il a un comportement moyen avec le gamin et ignore ostensiblement ma soeur... et est radicalement opposé à ce qu'il saute une classe malgré l'avis appuyé du psy et les capacités manifestes de l'enfant.
    Bref, en tant que parent, on a toujours l'impression d'être en porte-à-faux et de prendre un risque lorsqu'on aborde ce genre de sujet "sensible".

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  4. j'ai beau chercher, je ne vois dans ma classe aucun enfant qui corresponde à une norme, ils sont tous très différents et c'est la plupart du temps un vrai bonheur.
    Toutefois, les règles de vie commune qu'ils doivent respecter sont les mêmes pour tous, qu'ils soient très actifs, inhibés, handicapés ou tout autre adjectif dont on pourrait les affubler...

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  5. dur dur le sujet de la différence !
    je n'ai pas de problème de décalage particulier de comportement ou de niveau scolaire avec mes Lu & Lu, mais je me doute qu'il doit être difficile de gérer cela.... surtout avec les enfants qui ne comprennent pas forcément et n'ont pas forcément la force de caractère pour s'affirmer leur particularité.

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  6. Ils sont rares les instituteurs (professeurs des écoles!!!!!) qui font leur métiers avec foi. La plupart sont là par hasard, parce qu'il n'ont pas réussi autre chose ou pour la rétribution et les vacances. Pourtant ils sont persuadés d'être les créateurs de l'avenir de la France , ils devraient faire preuve d'un peu plus d'humilité vis à vis des parents, et les aider à régler leurs problèmes d'éducation.
    Élever des enfants est une entreprise, il faut être plusieurs pour bien la gérer.
    Quoi qu'il en soit , l'état à une grande part de responsabilité dans l'éducation de ses futurs électeurs, chacun devrait pouvoir trouver sa place dans la nation .Ne dit -on pas : »il faut de tout pour faire un monde; »
    Ne pas admettre la différence c'est aussi du racisme!

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  7. Je pense au contraire que la plupart ont choisi ce métier par vocation, mais c'est un métier où l'on s'use très vite et où il est bien difficile de gérer toutes les contraintes : programmes et classes surchargées, parents pénibles, aucun soutien de l'Etat qui supprime de plus en plus de postes etc.

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